Mon nom ne vous dis rien, enfin, ne signifie rien pour vous. Non je ne suis pas Karl-Heinz Korwert, joueur du FC TYROL avant-centre, ayant gagné la coupe du Monde avec l’Autriche en 1998.
Je suis Karl-Heinz Korwert von Hasbourg. Mais le monde entier me connaît sous mon alias Guillaume Lanckl Rex. Prix Nobel de Littérature pour mon roman Le Chancelier Fou (Der Verrückte Kanzler).
Je suis né à Schonau, en 1955, une petite bourgade à la frontière du tyrol et de l’Allemagne. Premier village annexé en 1938 par l’Anschluβ. Puisque situé au pied du nid d’aigle.
Je ne polémiquerai pas plus longtemps sur le sujet, l’ayant déjà fait dans mon roman. Une thérapie personnelle et autobiographique. Né 10 ans après la fin de la guerre, j’ai aujourd’hui encore des comptes à règler, mais pas ceux que vous croyez.
Je suis venu très tôt en France comme cette actrice qui incarnait Sissi. Mais contrairement à elle, je vis toujours à Vienne, ville enchanteresse. A quelques encablures du Prater et non loin de Schonnbrunn, le palais des Hasbourg. Retour aux sources? Je ne sais pas...
Je suis lettré et point idiot. Je sais qui sont les Hasbourg et combien de temps ils ont règnés sur l’Europe. D’ailleurs Anne d’Autriche épouse de Louis XIII et mère de Louis XIV n’était-elle pas une Hasbourg ?
Vous comprendrez mieux pourquoi je suis "le cul entre deux chaises".
De ma mère je ne me rappelle que de sa longue robe verte ses cheveux immenses et roux et des yeux d’une paleur et d’une langueur regardant toujours au-delà. Jamais en face. Elle ne me parlait jamais mais se tenait toujours assise face à moi me regardant jouer ou lire suivant mes activités. Je récitais mes leçons et elle était toujours assise là regardant au-delà. M’écoutant à peine, mais entendant la moindre erreur.
Mon père : "Ton père est mort à la guerre"
Mais pas cette guerre! Non, une guerre loin d’ici, parait-il.. Moi crédule je pensais sur un des fronts russes ou français ?
"Non, pas ceux là" me dit-elle, "Tu comprendras en temps et en heure"
De ma chambre d’ou j’écris mes romans, j’ai vu beaucoup de choses. Je suis même persuadé de les avoir vécus.
Une fois alors que je regardais nonchalamment la pluie tomber il m’a semblé entrevoir Radeski, le célèbre maréchal pour qui Johann Strauss composa une marche. Parfaitement incongru, près d'un siècle après.
Je suis allé consulter mon psychanaliste, tous les écrivains en ont un, n’ayant guère prêté à la plaque figurant au-dessus de la porte gaz à tous les étages (gas in allen Stockwerken), inscription qui figurait dans tous les immeubles du début du XXe siècle.
Je vis un drole de petit bonhomme chétif, avec une barbichette, m’accueillant sans me demander qui j’étais, me disant "ah c’est vous ! Je croyais que c’était cet importun de Dieu!".
Complètement abasourdi par la vision de ce Freud furibond (car c’était lui!), je redescendit les marches quatre à quatre.. D’ailleurs j’en veux beaucoup à mon ami Pierre Emmanuel Schmidt qui a prfoité de mon anecdocte pour écrire sa pièce Le Visiteur. Une fois ressortit, le tram, les autos étaient bien celles que je vis en entrant.
Je cru être aliéné et attribuai cela à la fatigue accumulée depuis mon Nobel. Mais cette nuit là un rêve vint me rappeler les visions du jour. Ce n’était plus Freud qui me hanta ou du moins pas tout à fait. Un Freud qui serait comment dire en format de poche et me parla en ces termes.
"Karl.. L’heure du pardon a sonné. Le régent a besoin de toi. Revient. Ce qui est arrivé n’est pas de ta faute.. C’est ton père, l’assassin, pas toi. Je lui ai parlé, je l’ai convaincu"
Puis des cartes se sont mises à danser, des portraits, plutôt des dessins.. Mais d'étranges dessins puisque au lieu de se contenter de vivre leur destin de dessin, c’est à dire de rester figés dans l’instant, ils se sont animés et parmi eux j’ai cru y voir ma mère.
Je me suis réveillé en sursaut et me suis précipité dans la chambre inocupée de ma mère. Cherchant fébrilement dans le noir j’y ai trouvé un jeu de tarot banal.. Sauf une carte. Elle représentait une grille en fer forgé.
Ce dessin commença à m’hynoptiser, la chambre plongée dans le noir depuis plus de 30ans se mit a être éclairée d’une lueur blanchâtre, les murs disparurent...
Je me suis retrouvé dans un jardin totalement abandonné aux ronces ou parmis des branchages inextricables. Une villa se dressait devant moi, tous les volets étaient clos. Un drole de petit bonhomme se tenait sur le perron.
Dès qu’il vit que je le vis, il disparut dans la maison. Je me lançais à toute jambes à sa poursuite. J’entendis une porte claquer. C’était la cave.
Je descendis précipitemment et arrivait dans une pièce ou seule se trouvait une chaudière et un tas de charbon. J’allais remonter lorsque j’entendis du bruit derrière la chaudière. Une porte de 1m20 de haut au bois vermoulu etait entr’ouverte. Je l’arrachais presque de ses gonds pour voir ce que renfermait cette porte et je n’y voyait qu’un long tunnel noir. Piqué au vif me courbant en deux je reussi à m’introduire dans le boyau étroit.
Je rampais, puis me redressais, puis rampais. Apercevant de la lumière j’abouti dans un boyau bien plus grand, bien plus haut, bien plus vaste. Sculpté dans de la roche... Et il n’y avait aucune montagne aux alentours de Vienne. Complètement perdu je decidai de rebrousser chemin. Mais en faisant demi-tour, le boyau par lequel j’étais arrivé avait disparu.
Alors j’ai erré au hasard de boyau en couloirs, de sols pentus en sol plats. Je suis arrivé devant une porte en fer. Je ne vis aucune poignée et je la poussai.
Je me suis retrouvé dans une ruelle où une odeur me sauta au visage. Après l’odeur du confinement des couloirs succédait une odeur d’iode. La mer devait être proche, j’hallucinai.
La première enseigne de taverne que je vis fut celle ressemblant au lapin de play-boy.
J’y suis entré. De nombreux marins se trouvaient là. Je vis le patron avec son torchon sur l’épaule qui se dirigea vers moi.
"Grace soit rendu! Vous êtes de retour, Monsieur! Votre père m’a dit que vous viendrez ce tantôt. Je vous ai réservé une bonne table et un bon repas... Que vous avez donc changé.. Pensez donc, après toutes ces années d’exil. Vous devez sans doute être fatigué..! Pardonnez moi Monsieur, je parle je parle mais je manque à tous mes devoirs, par ici Monsieur.. "
Je ne comprenais rien, je me suis assis..
"Ah Monsieur, pardon, j’ai un message pour vous“
Le patron me remit un papier chiffonné.
Mangez de bon appétit et reprenez des forces. Je viendrai vous expliquer tout ce que vous voulez savoir, mais restez discret. Bon Retour en Ambre!
Je ne sais pas de qui est cette plaisanterie, mais je me mets à manger, attendant la visite de mon mystérieux visiteur(visiteuse?)...
A suivre .....